Rêve d'amour chaloupé

[Claude]

Dans mes orchestrations, j'ai souvent cherché à reproduire (ou imiter) au plus près celles des chansons originales. Au passage, un excellent exercice pour progresser dans cette option.

Cette fois, je suis parti de rien, sinon d'une vague idée que j'avais dans la tête, relative au Rêve d'Amour de Liszt. Un classique dont je ne connaissais - comme tout un chacun - que le thème principal et que je souhaitais dynamiser, moi qui ne suis pas spécialement féru de musique classique.

A noter que par le passé, l'orchestre de Ray Conniff avait orchestré cette partie en swing.

Seulement, lorsque l'on exploite les interprétations de ce thème par des pianistes virtuoses, on découvre que la suite est beaucoup plus complexe..
Il y a en fait trois parties. La première que je viens d'évoquer ; une deuxième qui en est une déclinaison mais dans des tonalités évolutives ; la troisième qui en fait reprend le début de la première avant de conclure. Le pire : ces trois parties sont reliées par des ponts dont l'exécution donne surtout envie de revendre son clavier pour se consacrer au jeu de dominos, accessible quant à lui au plus nul d'entre les nuls.

Moi qui ne lis pas le solfège à la volée, j'ai donc entrepris de décortiquer à l'oreille l'une des VO pour en extraire la musique des trois parties (pas trop complexe, à par qu'il est facile de s'y perdre vu les phrasés qui se ressemblent mais s'enchaînent différemment). Encore plus compliqué a été d'extraire la subtilité des tous les accords complexes.

J'ai d'abord essayé de le jouer dans la tonalité d'origine. N'étant pas un virtuose de la tirette, j'y parvenais à peu près, mais... en séparant chaque partie pour rester concentré sur la tonalité en cours. Restait aussi la guitare pour la rythmique et les parties à jouer au clavier. A savoir que contrairement au piano où l'on peut faire une descente d'accords qui se tient, la guitare a quant à elle des limitations structurelles. Par exemple, en accord ouvert, on va passer de FA# à FA, de FA à MI (dernier accord grave sur le manche), mais pour MIb... il faut remonter en inversion d'accord au milieu dudit manche, tout en perdant la note basse. Pas terrible à l'oreille. Et lorsque l'on est piètre pianiste, il y a également - comme à l'harmonica - des tonalités plus faciles pour les exécutions rapides. Bref, tout cela pour dire que j'ai abandonné les vraies tonalités de ce classique pour intégrer des zones de confort communes à tous mes instruments.

Tout comme j'ai, bien évidemment, éludé les fameux ponts injouables, pour les remplacer par des breaks persos me permettant de rejoindre tonalités de chaque partie (après tout, Ray Conniff avait fait moins que ça...).

Dernier point : si j'ai fait l'effort de strictement respecter les phrasés de la mélodie et la couleur des accords, j'ai malgré tout dérivé la dernière partie pour réaliser une petite impro autour du thème.

Et que Franz Liszt, d'où il est, me pardonne...

[Flolei]

Cher Claude, en lisant tes commentaires, j'avoue que je m'attendais au pire ! :D
Eh puis en fait non, j'aime beaucoup. C'est modernisé avec goût et le son de l'harmo est très chouette et fait écouter différemment cette belle mélodie. L'arrivée de la dernière partie après la transition sans harmo fait littéralement mouche ! Surprend et enchante.
Bref, un grand bravo !

[Jérôme]

Je ne connais absolument pas cette musique. Ta composition est comme toujours très propre et comme d'habitude, je reste admiratif de ta maîtrise de l'ensemble des instruments que tu utilises, sans parler du mix .

[Claude]

@ Flo
Composition itérative, initiée depuis plus d'un mois. Je ne savais même pas si j'allais réussir à faire quelque chose...
L'idée du final est venue tardivement, alors que la mélodie standard avait déjà été enregistrée.

@ Jérôme
Pour parler du mix, une fois toutes les pistes abouties, j'ai commencé samedi... Et dimanche, j'ai re-déplacé des pistes pour modifier l'équilibre.
Le piano était difficile à placer, car d'origine, il est stéréo, avec les notes graves à gauche et déplacement progressif vers la droite quand on va vers les notes aigües. Je l'ai mis finalement légèrement à droite (ce qui donne les graves au centre. Je me demande si je n'aurais pas du le centrer, mais le médiums se recouvraient alors avec l'harmo.
Et comme chaque fois, il faut passer beaucoup de temps sur la batterie pour essayer de placer des breaks qui vont bien et à bon escient. Je finis toujours par ça pour que ça colle au mieux au mix.
Par contre, j'ai passé tout l'après-midi de ce dimanche à équilibrer le gain des pistes entre elles, parfois sur une portion seulement, remettant chaque fois le résultat en question après chaque écoute intégrale.
Quant à la maîtrise des instruments, les phrasés de chaque sont relativement simples pour ne pas me mettre en difficulté.

Merci à vous deux pour vos écoutes et vos appréciations.

[yvan02]

C'est courageux et osé de s'attaquer à ce classique du classique. Avant d'écouter ta version je suis allé m'imprégner des interprétations de grands pianistes sur YT.
Évidemment, ce sont des versions difficilement comparables. Bien sûr pour du classique, on pourrait s'attendre à un peu plus de sensibilité, plus de nuances dans le jeu, mais tu as le grand mérite, comme d'habitude, de l'avoir créée de toute pièce avec l'originalité qu'on te connait. Ta composition est unique. Un grand bravo, Claude.

[Claude]

Merci Yves.
Pour le manque de nuances, deux pistes :

1 - Ce genre d'interprétation n'est pas dans ma zone de confort dès que je quitte la partie en C. Surtout que j'ai commencé par enregistrer la piste harmo sur une base rythmique de bossa nova. Donc tout au début, alors que j'avais encore des difficultés pour mémoriser les subtilités de la mélodie. Tu me diras, à juste titre, que je n'avais qu'à la refaire une fois la bande son établie. Mais trop content d'être déjà parvenu à ça, seule l'impro finale a été reprise pour remplacer - comme je l'ai dit plus haut - la mélodie "standard".

2 - Le CX 12 est un instrument "brutal", ciblé musiques rythmées qui réclament de jouer fort. Il est difficile d'en sortir un son très faible ; sa dynamique est donc réduite. De plus, malgré les valves Hohner de dernière génération et le préchauffage systématique avant emploi, les valves de certaines anches ont tendance à coller, libérant le son par échelon. Pour pallier, je dois donc "attaquer" les notes à jouer.

[Flolei]

Je rajouterais un
3. Dès lors que l'on a choisi un rythme constant, on perd la liberté des oeuvres romantiques pour piano. C'est même la modification la plus importante par rapport au morceau original. Dès lors, la finesse du jeu au chromatique ne peut résider que dans les dynamiques. Au diato, il y a plus de possibilités (placement des altérations et overnotes dans la phrase).

[bonite]

Très belle surprise, Claude !
Même si l’envie m’était venue de rythmer ce morceau, je ne m’y serais pas risqué, de crainte de trop effaroucher Dany !
Venant de toi l’innovateur, ce sera de toute façon certainement mieux accepté….
A notre époque, il faut avouer que cette magnifique mélodie jouée telle qu’à l'origine, apparaîtrait tout de même un peu comme assez ringarde. Du moins c’est mon avis.
Dès lors, lui redonner du souffle de cette manière, me paraît une excellente idée.
Je l’ai déjà dit plusieurs fois ici, ce qui m’épate le plus dans tes enregistrements, c’est l’extrême sophistification de l’ensemble. Normal dès lors de devoir y passer beaucoup de temps.
J’ai beaucoup aimé les embellissements au piano, notamment ceux débutant après 20 secondes, et ceux après. Toujours à souligner aussi, l’harmonie parfaitement respectée.
Bref, à nouveau une perle !

Benoît.

[Claude]

Merci Benoît.
La sophistication n'est que le résultat d'une évolution itérative. Au départ, je suis loin d'avoir tout ça en tête.

J’ai beaucoup aimé les embellissements au piano, notamment ceux débutant après 20 secondes, et ceux après.

En préliminaire dans ma pensée, ils devaient être plus complexes et joués par les violons. Mais d'une part, il y aurait eu trop de violons, et d'autre part mon niveau au clavier n'est pas meilleur que celui à l'harmo. Ne parvenant pas à bien rester en phase sur le rythme, j'ai dû en simplifier les premières phrases.

[bbn]

Hello,

Bravo Claude pour le travail accompli!

Le résultat est plaisant et ne me choque absolument pas!

Encore un grand Bravo!

Daniel

[Claude]

Merci Daniel

[cyril13500]

J'aime bien cette adaptation. C'est original et il fallait oser travailler un morceau classique. C'est réussi

[Claude]

Mercyril

[André]

Claude, en découvrant le titre de ta prestation, j'avoue avoir été, moi aussi, à la fois surpris et quelque peu sceptique...

En fait, après une écoute attentive, le travail que tu as effectué à partir de cette mélodie "classique", m'a paru intéressant et abouti. Il vaut le détour !

Bravo !

André

[Claude]

Merci André. Et désolé de ne pas y avoir mis de la trompette.
Mais le piano y était incontournable.

[Claude]

Cher Claude, en lisant tes commentaires, j'avoue que je m'attendais au pire ! :D

Claude, en découvrant le titre de ta prestation, j'avoue avoir été, moi aussi, à la fois surpris et quelque peu sceptique...

Pourtant, un autre n'avait pas hésité non plus à le décliner... bien que je ne m'en sois pas inspiré, puisque ayant eu l'idée et l'intention du rythme avant de découvrir cet enregistrement alors que je recherchais s'il existait déjà des versions "exotiques" de ce classique.
https://www.youtube.com/watch?v=-FuumZ2FgZU

[dany89]

Voici un classique revisité d'une manière surprenante !... mais je rejoins l'avis unanime, cette composition est très réussie... Décidément, les "inventions" de Claude me surprendront toujours... le rythme de bossa-nova paraît un peu choquant au début, mais on s'y habitue vite, et finalement le tout s'harmonise très bien ; j'aime beaucoup la "chute" - Bref, un grand bravo à notre homme-orchestre
Dany.

[Claude]

Merci Dany.