SCX-56 en do / SCX-48 Brodur en sol

[bonite]

Chère Florence, c’est très agréable de pouvoir discuter de la sorte de tels sujets.
Tu me qualifies de « sage », mais tu l’es tout autant et … tu le sais bien.
Quant à la pianiste dont tu es fan, j’ai bien dit qu’elle était brillante, mais j’ajoute « pas plus que beaucoup d’autres, eux (ou elles) surtout beaucoup plus discrets »… Elle a certes un côté « spectaculaire » recherché, entretenu, elle a surtout su bien mieux se vendre ces dernières années que d’autres, en apparaissant hors des circuits habituels de tels artistes. Je me rappelle, par exemple, d'un concert du 14 juillet au pied de la Tour Eiffel. Je lui reproche surtout de vouloir avant tout jouer à la « diva » et de se croire obligée chaque fois d’en remettre une couche dans l’attitude, le geste, un visage exagérément « tourmenté" par l’émotion, etc…
Est-ce que cela suffit pour autant à lui conférer d’office plus de talent ? Tu connais la réponse.
J’ai toujours été fort intéressé par tout ce qui touche au piano ou violon classique. Déjà dès mes 15 ans, le hasard a voulu que je dispose déjà d'un 33 tours avec le Concerto pour piano de Schumann d’un côté et celui de Grieg de l’autre, très semblables, en Am tous les deux, que j’écoutais sans discontinuer.
Depuis des décennies, je suis par exemple assidûment chaque fois durant des semaines le concours annuel Reine Elisabeth à Bruxelles (piano - violon - chant - violoncelle en alternance) et des instrumentistes de haut niveau, je pense en avoir suffisamment suivis que pour être assez capable d’évaluer leur niveau au travers du répertoire classique généralement abordé (sonates lors des éliminatoires et demi-finales et concertos avec orchestre en finale + une oeuvre moderne de +/- 20-25 minutes spécialement créée pour le concours avec orchestre, à maîtriser en une semaine. En violon, je me souviens par exemple encore, comme si c’était hier, de la victoire du célèbre violoniste russe Repin à 17 ans (!) et en piano, à côté de tant d’autres, je me souviens notamment des Français Pierre-Alain Volondat - Frank Braley et plus récemment encore de Jonathan Fournel.
Alors, quelles conclusions en tirer ? La première, c’est que pour pouvoir apprécier valablement le niveau d’un artiste dans l’exécution d’une oeuvre, il y a tout d’abord lieu de connaître soi-même cette oeuvre « à fond » et d’avoir donc pu en entendre plusieurs versions dans le temps. Les grands artistes connaissent évidemment toujours leur répertoire à fond et le jugement de leur jeu ne peut se faire qu’au travers des très légères nuances éventuellement apportées. Mais forcément, ce jugement est personnel et ne peut dès lors toujours s’avérer que très subjectif. Une chose est cependant sûre et certaine : le tempo de base prévu pour chaque oeuvre reste et doit toujours rester rigoureusement respecté. Tu parles cependant de variations de tempo constatées dans des symphonies de Beethoven, peut-être Florence, mais alors véritablement très très légères et très momentanées, que seuls les connaisseurs de l’oeuvre peuvent éventuellement discerner, mais je ne puis pas un seul instant concevoir que l’on puisse par exemple toucher sérieusement au tempo d’un concerto pour piano de Rachmaninov (le 2 ou le 3), tout romantique qu’il soit (c’est même im-pen-sable !).
Mais alors +/- 20% en moins, comme la Kathia se l’est permise dans la Sérénade, là tout de même, il y a de quoi s’étonner et sûrement pas s’extasier. D’accord, cette oeuvre n’appartient pas tout à fait au « répertoire classique sérieux ». J’aurais même plutôt tendance à la classer dans les « classiques d’ascenseurs ou de supermarchés », sans les sous-estimer pour autant et nier leur indiscutable qualité mélodique intrinsèque. Ce que je voulais donc uniquement démontrer ici, c’est qu’en entendant cette oeuvre jouée par Kathia, mais sans savoir que c’est elle, je vais d’abord sérieusement « tiquer » en reprochant là un tempo exagérément langoureux et me poser alors la question de savoir qui était au piano !
Et, après tout, ne serait-ce peut-être pas justement cela que notre Kathia recherche ! CQFD !
Mais j'ose espérer qu’elle ne se permettrait jamais ça dans le répertoire disons plus « sérieux »…

Benoît

[Armel]

D’accord, cette oeuvre n’appartient pas tout à fait au « répertoire classique sérieux ». J’aurais même plutôt tendance à la classer dans les « classiques d’ascenseurs ou de supermarchés »...

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Je ne pense pas que la musique de Frantz Schubert soit de la musique de supermarché.
Ce lied fait partie du dernier recueil Le Chant du cygne (Schwanengesang) publié par son éditeur.
La version pour piano est une transcription réalisée par Liszt...
Tu ne dois pas bien connaître le répertoire allemand...
Les morts du Père Lachaise doivent se retourner dans leur tombe !

[Flolei]

Cher Benoît,

je suis sûre que tu es plus cultivé que moi concernant les interprètes. J'avoue écouter beaucoup sans retenir leurs noms (sauf quand je suis tellement fascinée que je me renseigne pour pouvoir en écouter davantage). Pour ma part, j'ai dû entendre Khatia à la radio, puis acheter plusieurs de ses albums. J'aime beaucoup.

Oui, elle est comme beaucoup de musiciens de sa génération : frustrée de voir le classique relégué à être une "musique de vieux", elle est très présente sur les réseaux sociaux et dans les médias, elle met en scène ses interprétations. C'est également le cas d'autres jeunes artistes (Lucienne Renaudin Vary, Ester Abrami, Sjepan Hauser ...) et même de moins jeunes (Ibrahim Maalouf). C'est parfois un peu agaçant, cela ne les rend pas meilleurs que les autres, mais cela ne les rend pas moins bons non plus.

Pour ce qui est du tempo, ce que tu écris m'étonne, car j'ai passé ma jeunesse à écouter les gloses des critiques de France Musique ou de France Culture sur telle ou telle interprétation dirigée par tel ou tel chef d'orchestre. Cela donnait lieu à des débats houleux ! :) Tiens, pour s'amuser un peu :

Team Boulez


ou team Karajan


Environ 2mn30 d'écart tout de même.

Team Barenboïm


ou team Maria João Pires

Environ 3min d'écart, soit environ 20%.

Et je n'ai pris que quelques exemples glanés au hasard sur YT.

Je me rappelle avoir eu à la maison deux 33t du Requiem de Mozart où la différence de tempo était très grande (version "classique", plus rapide, version "romantique" plus lente - c'était particulièrement surprenant sur le Lacrimosa.

Je ne relèverai pas la classification de la Sérénade parmi les "musiques d'ascenseur". Trop choquée. :D

Et enfin, pour finir mon post dans la bonne humeur (à partir de 0:47) :


Franchement, je ne m'en lasse pas ! :D :D :D

[bonite]

Armel, tu as absolument voulu me donner « la fessée » !
Quand j’ai parlé de "musique d’ascenseur »(sans nier la qualité mélodique, j'insiste) tu n’ignores pas ce que j’entendais par là , c.à.d. d'« extraits », toujours les mêmes, entendus mille fois en de multiples circonstances, au point de devenir très populaires, et cela dit sans la moindre connotation péjorative.
Dans les lieux mentionnés, on ne passera cependant jamais une Sonate de Brahms.

Chère Florence : tu as choisi Mahler, mais il s’agit d'une oeuvre sans véritable tempo prédéfini, d’où évidemment la possibilité d’y apporter plus de variations tolérées d’une version à l’autre.
Quant à la Sonate au Clair de Lune, je ne te raconte pas dans quelles circonstances je l’ai entendue durant de longues années jouée par une élève… Eh bien là, si j’avais entendu la seconde version telle quelle, j’aurais tiqué pour son tempo trop élevé.
Celui de Bareboïm me semble plus proche de l’idéal. C’est un tempo intermédiaire qui m’irait le mieux.
Comme quoi, tout trop grand écart par rapport à « l’archétype » attire l’attention et alors, soit éventuellement séduit ou … le plus souvent déçoit. Enfin, c’est mon avis.

Maalouf ? Oui mais la musique dans laquelle il excelle, demande précisément plus d’extériorisation.
Il y réussit parfaitement. Lui, c’est un véritable hors norme ! J'en suis fan absolu !

Benoît.

[Flolei]

tu as choisi Mahler, mais il s’agit d'une oeuvre sans véritable tempo prédéfini, d’où évidemment la possibilité d’y apporter plus de variations tolérées d’une version à l’autre.

Certes, mais sans vouloir faire preuve d'esprit de contradiction, c'est également le cas de Stäntchen (Sérénade) :

https://www.themorgan.org/sites/default ... 115660.pdf

(page 10)

Ibrahim est tout de même partout, sur tous les plateaux télé et dans toutes les réceptions mondaines.
Oui, son art est extraverti et se prête au spectacle, mais il en fait des tonnes, et c'est un peu dommage.
Fan absolu ? Même de son dernier album de rap et de hip hop ? (Moi non, mais j'achèterai volontiers les Trompettes de Michel-Ange, car c'est un magnifique projet - et pourtant, je ne suis pas ultra fan de la musique orientale).

[Armel]

J'aime bien le terme "Gloses", qui fait "vieux jeu" et ça convient bien pour certains "gloseurs" de France Musique

[Armel]

@ benoit,

Certains compositeurs sont moins faciles d'accès, c'est notamment le cas de Brahms mais également de Richard Strauss comme dans ses 4 derniers lieder ou de Gustav Malher dans les Kindertotenlieder...

C'est un peu comme avec les écologistes, ils montrent la voie mais ne sont pas accessibles immédiatement à tout le monde...

[Armel]

Bon, j'arrête ma sérénade

[alice-sur-le-nuage]

Pour la musique classique de supermarché, le mieux c'est Chopin - Liszt...



(Humour Anglophone, "Chopin - Liszt" ressemble a "Shopping list", cest a dire la liste des courses ...)

Bon, je sort..




Alice

[Flolei]

Hé hé hé, elle est bien rigolote, cette vanne d'outre-Manche. Merci, Alice. :)

[Claude]

Une vanne sortie de sa manche, en quelque sorte.

[Armel]

Aliszt fo arrêtez la Chopine !