Re: SCX-56 en do / SCX-48 Brodur en sol
Publié : 10 juil. 2024 15:24
Chère Florence, c’est très agréable de pouvoir discuter de la sorte de tels sujets.
Tu me qualifies de « sage », mais tu l’es tout autant et … tu le sais bien.
Quant à la pianiste dont tu es fan, j’ai bien dit qu’elle était brillante, mais j’ajoute « pas plus que beaucoup d’autres, eux (ou elles) surtout beaucoup plus discrets »… Elle a certes un côté « spectaculaire » recherché, entretenu, elle a surtout su bien mieux se vendre ces dernières années que d’autres, en apparaissant hors des circuits habituels de tels artistes. Je me rappelle, par exemple, d'un concert du 14 juillet au pied de la Tour Eiffel. Je lui reproche surtout de vouloir avant tout jouer à la « diva » et de se croire obligée chaque fois d’en remettre une couche dans l’attitude, le geste, un visage exagérément « tourmenté" par l’émotion, etc…
Est-ce que cela suffit pour autant à lui conférer d’office plus de talent ? Tu connais la réponse.
J’ai toujours été fort intéressé par tout ce qui touche au piano ou violon classique. Déjà dès mes 15 ans, le hasard a voulu que je dispose déjà d'un 33 tours avec le Concerto pour piano de Schumann d’un côté et celui de Grieg de l’autre, très semblables, en Am tous les deux, que j’écoutais sans discontinuer.
Depuis des décennies, je suis par exemple assidûment chaque fois durant des semaines le concours annuel Reine Elisabeth à Bruxelles (piano - violon - chant - violoncelle en alternance) et des instrumentistes de haut niveau, je pense en avoir suffisamment suivis que pour être assez capable d’évaluer leur niveau au travers du répertoire classique généralement abordé (sonates lors des éliminatoires et demi-finales et concertos avec orchestre en finale + une oeuvre moderne de +/- 20-25 minutes spécialement créée pour le concours avec orchestre, à maîtriser en une semaine. En violon, je me souviens par exemple encore, comme si c’était hier, de la victoire du célèbre violoniste russe Repin à 17 ans (!) et en piano, à côté de tant d’autres, je me souviens notamment des Français Pierre-Alain Volondat - Frank Braley et plus récemment encore de Jonathan Fournel.
Alors, quelles conclusions en tirer ? La première, c’est que pour pouvoir apprécier valablement le niveau d’un artiste dans l’exécution d’une oeuvre, il y a tout d’abord lieu de connaître soi-même cette oeuvre « à fond » et d’avoir donc pu en entendre plusieurs versions dans le temps. Les grands artistes connaissent évidemment toujours leur répertoire à fond et le jugement de leur jeu ne peut se faire qu’au travers des très légères nuances éventuellement apportées. Mais forcément, ce jugement est personnel et ne peut dès lors toujours s’avérer que très subjectif. Une chose est cependant sûre et certaine : le tempo de base prévu pour chaque oeuvre reste et doit toujours rester rigoureusement respecté. Tu parles cependant de variations de tempo constatées dans des symphonies de Beethoven, peut-être Florence, mais alors véritablement très très légères et très momentanées, que seuls les connaisseurs de l’oeuvre peuvent éventuellement discerner, mais je ne puis pas un seul instant concevoir que l’on puisse par exemple toucher sérieusement au tempo d’un concerto pour piano de Rachmaninov (le 2 ou le 3), tout romantique qu’il soit (c’est même im-pen-sable !).
Mais alors +/- 20% en moins, comme la Kathia se l’est permise dans la Sérénade, là tout de même, il y a de quoi s’étonner et sûrement pas s’extasier. D’accord, cette oeuvre n’appartient pas tout à fait au « répertoire classique sérieux ». J’aurais même plutôt tendance à la classer dans les « classiques d’ascenseurs ou de supermarchés », sans les sous-estimer pour autant et nier leur indiscutable qualité mélodique intrinsèque. Ce que je voulais donc uniquement démontrer ici, c’est qu’en entendant cette oeuvre jouée par Kathia, mais sans savoir que c’est elle, je vais d’abord sérieusement « tiquer » en reprochant là un tempo exagérément langoureux et me poser alors la question de savoir qui était au piano !
Et, après tout, ne serait-ce peut-être pas justement cela que notre Kathia recherche ! CQFD !
Mais j'ose espérer qu’elle ne se permettrait jamais ça dans le répertoire disons plus « sérieux »…
Benoît
Tu me qualifies de « sage », mais tu l’es tout autant et … tu le sais bien.
Quant à la pianiste dont tu es fan, j’ai bien dit qu’elle était brillante, mais j’ajoute « pas plus que beaucoup d’autres, eux (ou elles) surtout beaucoup plus discrets »… Elle a certes un côté « spectaculaire » recherché, entretenu, elle a surtout su bien mieux se vendre ces dernières années que d’autres, en apparaissant hors des circuits habituels de tels artistes. Je me rappelle, par exemple, d'un concert du 14 juillet au pied de la Tour Eiffel. Je lui reproche surtout de vouloir avant tout jouer à la « diva » et de se croire obligée chaque fois d’en remettre une couche dans l’attitude, le geste, un visage exagérément « tourmenté" par l’émotion, etc…
Est-ce que cela suffit pour autant à lui conférer d’office plus de talent ? Tu connais la réponse.
J’ai toujours été fort intéressé par tout ce qui touche au piano ou violon classique. Déjà dès mes 15 ans, le hasard a voulu que je dispose déjà d'un 33 tours avec le Concerto pour piano de Schumann d’un côté et celui de Grieg de l’autre, très semblables, en Am tous les deux, que j’écoutais sans discontinuer.
Depuis des décennies, je suis par exemple assidûment chaque fois durant des semaines le concours annuel Reine Elisabeth à Bruxelles (piano - violon - chant - violoncelle en alternance) et des instrumentistes de haut niveau, je pense en avoir suffisamment suivis que pour être assez capable d’évaluer leur niveau au travers du répertoire classique généralement abordé (sonates lors des éliminatoires et demi-finales et concertos avec orchestre en finale + une oeuvre moderne de +/- 20-25 minutes spécialement créée pour le concours avec orchestre, à maîtriser en une semaine. En violon, je me souviens par exemple encore, comme si c’était hier, de la victoire du célèbre violoniste russe Repin à 17 ans (!) et en piano, à côté de tant d’autres, je me souviens notamment des Français Pierre-Alain Volondat - Frank Braley et plus récemment encore de Jonathan Fournel.
Alors, quelles conclusions en tirer ? La première, c’est que pour pouvoir apprécier valablement le niveau d’un artiste dans l’exécution d’une oeuvre, il y a tout d’abord lieu de connaître soi-même cette oeuvre « à fond » et d’avoir donc pu en entendre plusieurs versions dans le temps. Les grands artistes connaissent évidemment toujours leur répertoire à fond et le jugement de leur jeu ne peut se faire qu’au travers des très légères nuances éventuellement apportées. Mais forcément, ce jugement est personnel et ne peut dès lors toujours s’avérer que très subjectif. Une chose est cependant sûre et certaine : le tempo de base prévu pour chaque oeuvre reste et doit toujours rester rigoureusement respecté. Tu parles cependant de variations de tempo constatées dans des symphonies de Beethoven, peut-être Florence, mais alors véritablement très très légères et très momentanées, que seuls les connaisseurs de l’oeuvre peuvent éventuellement discerner, mais je ne puis pas un seul instant concevoir que l’on puisse par exemple toucher sérieusement au tempo d’un concerto pour piano de Rachmaninov (le 2 ou le 3), tout romantique qu’il soit (c’est même im-pen-sable !).
Mais alors +/- 20% en moins, comme la Kathia se l’est permise dans la Sérénade, là tout de même, il y a de quoi s’étonner et sûrement pas s’extasier. D’accord, cette oeuvre n’appartient pas tout à fait au « répertoire classique sérieux ». J’aurais même plutôt tendance à la classer dans les « classiques d’ascenseurs ou de supermarchés », sans les sous-estimer pour autant et nier leur indiscutable qualité mélodique intrinsèque. Ce que je voulais donc uniquement démontrer ici, c’est qu’en entendant cette oeuvre jouée par Kathia, mais sans savoir que c’est elle, je vais d’abord sérieusement « tiquer » en reprochant là un tempo exagérément langoureux et me poser alors la question de savoir qui était au piano !
Et, après tout, ne serait-ce peut-être pas justement cela que notre Kathia recherche ! CQFD !
Mais j'ose espérer qu’elle ne se permettrait jamais ça dans le répertoire disons plus « sérieux »…
Benoît